Une perspective équilibrée sur les enjeux
Récemment, le gouvernement du Québec a suscité de nombreux débats en annonçant son intention d’interdire l’utilisation du gaz naturel d’origine fossile pour le chauffage des bâtiments. Bien que cette initiative s’inscrive dans un effort louable de réduction des émissions de gaz à effet de serre, elle se présente avec un lot de questions et préoccupations qui méritent une attention particulière. Voici quelques réflexions et nuances sur certains des enjeux qui touchent la situation énergétique du Québec.
Un projet en construction
Tout d’abord, il faut savoir qu’il n’y a pas officiellement de projet de loi sur la table. Le public et les experts doivent attendre le communiqué officiel à paraître dans la Gazette du gouvernement pour obtenir une compréhension complète de ce que cette législation impliquera réellement. Ce que l’on sait pour le moment, c’est que le projet s’appliquerait sur les appareils au gaz naturel, principalement les bâtiments résidentiels et qu’il n’impliquerait pas le gaz propane.
Concilier ambition environnementale et réalités énergétiques
Applaudir les ambitions écologiques est essentiel, mais il convient d’approcher leur mise en œuvre avec pragmatisme, surtout en ce qui concerne l’approvisionnement énergétique en période de pointe. Actuellement, Hydro-Québec doit toujours compter sur l’électricité produite par des combustibles fossiles afin de compenser pour le déficit hivernal. C’est cette réalité qui soulève la question de notre capacité future à électrifier pleinement le réseau sans compromis. En effet, en 2022, la société d’État annonçait que «le Québec [aura] besoin de 100 TWh pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050»[2]. À titre de référence les quatre nouveaux barrages de la «Romaine» produisent en moyenne annuellement 8 TWh . [3] [4]
Une énergie en développement
«Énergir estime […] réaliste de pouvoir alimenter d’ici 2040 les secteurs résidentiel, commercial et institutionnel à 100 % en GSR, même si celui-ci ne représente pour l’instant que 2 % du volume de gaz qu’elle distribue.»
Une demande grandissante
«Les surplus destinés au marché québécois […] vont complètement fondre en 2027, et dès 2029, il faudra trouver 7 TWh à l’aide de nouveaux approvisionnements»
Des choix à faire
C’est dans ce contexte, où la demande électrique est prévue d’augmenter exponentiellement et que la production est limitée, qu’il est crucial d’explorer toutes les solutions qui peuvent efficacement combler la demande en énergie durant ces pointes, et ce avec un impact environnemental moindre.
L’interdiction proposée du gaz naturel soulève ainsi des questions sur les priorités en matière d’électrification de nos modes de vie. Est-il plus pertinent, par exemple, de privilégier l’électrification des systèmes de chauffage domestiques ou celle des véhicules à essence? Ces décisions doivent être guidées par une évaluation approfondie des gains environnementaux qu’elles peuvent générer par rapport aux inconvénients.
Effectivement, est-il raisonnable d’enlever l’accès aux gaz de source renouvelable (GSR) pour les résidences sachant que le développement de ce gaz est la stratégie principale pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le reste de l’Amérique? Ne risquons-nous pas de nous enlever un moyen porteur de solutions dans le futur? Bien sûr qu’il faut réduire l’utilisation des combustibles d’origine fossile. Cependant, nous vivons dans un pays nordique où le chauffage est essentiel et où le réseau électrique ne peut pas répondre à la demande. La question ne devrait donc pas être s’il faut interdire le gaz naturel pour le chauffage, mais bien comment pouvons-nous nous en servir de la manière la plus efficace afin de maximiser la réduction des émissions et l’utilisation de l’électricité verte le temps que nous ayons les moyens de décarboniser complètement l’économie.
Poêles et foyers, un allié négligé
Et notre industrie dans tout ça? C’est dans cette situation que nous sommes un allié à la cause. Bien que la position du gouvernement sur les foyers au gaz reste floue, ces appareils jouent pourtant un rôle crucial en tant que systèmes de chauffage secondaire. Les poêles et foyers, qu’ils fonctionnent au bois, aux granules, à l’électricité ou au gaz sont capables de fournir une énergie considérable pendant les périodes de pointe hivernales, soit lorsque la demande est à son maximum. Ils peuvent procurer les mêmes gains que la biénergie, particulièrement dans les habitations équipées seulement de chauffage électrique.
En effet, les appareils de chauffage d’appoint, comme ceux proposés par Coval, sont une réponse tangible. Avec leur efficacité énergétique hautement règlementée et leurs solutions innovantes de distribution de chaleur, ils se positionnent comme des contributeurs potentiels à une approche globale de réduction des émissions le temps que le Québec soit en mesure d’accomplir une transition énergétique écologique soutenable. De plus, ils peuvent faire une différence lors des périodes de grand froid où les thermopompes cessent de fonctionner et où le chauffage conventionnel tire des quantités élevées de courant au réseau afin de compenser pour les besoins de chauffage.
En conclusion, si l’objectif de bannir le gaz naturel pour le chauffage témoigne d’un engagement fort envers la transition énergétique, le chemin pour y parvenir devrait être jalonné de solutions inclusives et bien réfléchi, prenant en compte l’ensemble des options disponibles pour le soutien des infrastructures énergétiques, la rencontre des besoins énergétiques du Québec et la nécessité de mettre en place des initiatives écologiques.